Au CODIR : des cris, oui ; des larmes, non !

Lundi. Réunion du comité de direction. Le directeur de production prend violemment à parti la Directrice des Ressources Humaines. « Vous n’êtes qu’une incapable, une manipulatrice! »hurle-t-il à travers la salle. DG muet, directeurs médusés. La DRH énonce les faits avec précision, entre deux hurlements de son collègue. La voix de la DRH reste audible. Ses mains tremblent alors qu’elle range ses dossiers et referme son portable. De grosses larmes coulent le long de ses joues. Elle finit par se taire. Elle quitte la salle. DG toujours muet, directeurs encore plus médusés.
Quelques heures plus tard, le DG croise la DRH dans le couloir : « Vous devriez maitriser vos émotions ! » assène-t-il.
 Une anecdote banale.
Des questions me viennent ;
  • Dans cet environnement, seules les larmes sont qualifiées de manifestations émotionnelles… alors que les cris, les injures, les grossièretés n’entrent pas dans ce registre… et n’appelleraient pas de maitrise ?
  • Comment évacuer les tensions physiques et mentales après une telle altercation ? L’ensemble du CODIR est concerné, chacun de ses membres à titre individuel, ceux qui se sont particulièrement manifestés, les autres aussi. Et puis l’organe en lui-même, le collectif, comment sort-il de cette crise ? Est-il possible de se retrouver le lundi suivant, sans en faire état ?
  • Comment renouer le dialogue ou simplement revenir à un terrain d’entente suffisant pour un fonctionnel opérationnel de bon niveau ?
  • Comment se fabriquent les mécanismes de régulation dans le groupe ? Qu’est-ce qui nous met en mode « off » alors qu’un pair est violemment pris à parti ?
  • Pour un DG récemment nommé – c’est le cas ici – comment prendre et tenir sa place dans un comité de direction œuvrant ensemble depuis de nombreuses années ? Comment capter les jeux de pouvoir au sein de son équipe dirigeante ?
  • Comment, pour un dirigeant, au quotidien, faire vivre et être cohérent avec les règles de fonctionnement ou valeurs que l’on prône ? « Transparence », « ouverture », au delà des mots qui « font jolis » dans une charte managériale, comment jouer ce jeu-là au quotidien et dans la durée ?

 

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